Le soleil brillait fort déjà, l'après-midi ne faisait que commencer et pourtant la chaleur était accablante, pas un nuage dans le ciel, aucun espoir de pluie rafraîchissante. Mina cessa un instant ses pirouettes pour réfléchir. Elle perfectionnait sa technique de glisse depuis sept heures ce matin, son flip-arrière n'était plus aussi mauvais que la veille, elle estima donc qu'elle pouvait s'accorder une petite pause. Elle fit donc signe à ses deux camarades, l'intrépide Angel et le plus réservé Kotori, et commença à se promener dans les rues de Namimori, laissant son instinct la guider.

En déambulant ainsi, au hasard des rues, elle pensait. Elle pensait à ses amis, aux patins, à sa vie en général et, peu à peu, elle oubliait tout ce qui l'entourait, ne faisant que penser à des sujets de plus en plus insignifiant. Au bout d'un moment tout de même, une fois qu'elle eut finit de songer à la paire de clé qu'elle avait oublié le matin sur sa table de nuit, elle sortit de cet état second pour se recentrer sur le plus important : elle était perdue. Elle ne connaissait pas si bien la ville et son instinct l'avait trop éloigné de son quartier pour qu'elle puisse se repérer, il fallait néanmoins trouver une solution. Mais avant cela, il fallait vaincre la faim qui venait s''aller à la chaleur pour finir de torturer la pauvre jeune fille. Vite ! Il lui fallait une glace ! Une boule de glace au citron revigorant, une savoureuse boule de sorbet fraise ou un pot d'onctueuse crème glacée vanille, n'importe quoi pourvu que ce soit froid et bon.
Avec une résolution sans faille, Mina quadrilla méthodiquement chaque ruelle jusqu'à trouver une petit glacier, plutôt cher mais dans son état, Mina n'avait pas le cœur à négocier, elle paya sans broncher et commanda une bonne dizaine de boules réparties sur trois cornets. Avant de l'attaquer à ce kilo de crème glacée aux parfums et couleurs diverses, elle alla se poser contre un mur. Entre temps, les boules qui avait déjà commencer à suinter, dégoulinait carrément, laissant derrière la jeune fille un filet sucré qui ne manqua pas d'attirer les fourmis. Mina n'y fit même pas attention, elle s'adossa contre le mur, se mit à croupit et commença son repas.

Elle ne savait pas où elle était, ni même comment elle allait faire pour retrouvé son chemin, mais tout cela ne l'intéressait pas, à cet instant, seul le sucre, le lait, la vanille, le chocolat et la fraise comptait. Néanmoins, elle engloutit vite tout cela, et il lui fallait bien rentrer un jour chez elle. Elle regarda autour d'elle pour trouver une solution e celle-ci lui paru comme une évidence : à côté d'elle un garçon mangeait aussi une glace, il allait la ramener chez elle.

Bonjour ! Je m'appelle Mina, tu me ramènerais chez moi ? Allez, s'il-te-plait !

Le jeune homme semblait accepté. C'était une très bonne chose ! Mina trépignait d'impatience à l'idée de rentrer enfin chez elle, auprès des siens. Le jeune homme s'était présenté, mais Mina était trop occupé à se réjouir pour y faire attention, elle ne retient que la question de l'adresse à laquelle elle s'empressa de répondre.

Et bien, je vis dans le sud de Namimori, dans le quartier de Tsukimori entre l'épicerie et la crèche, rue de Mikuzuma. Le numéro trois ou quatre, je crois... en fait, j'en sais trop rien. J'y vais au feeling, tu vois ? Je peux te tutoyer, hein ? Je disais donc qu'il faut qu'on aille à dans ce quartier, ensuite je trouverais. Il faut vraiment que je te fasse visiter mon quartier tu verras, il est magnifique !

Mina avait commencé à parler et rien ne pouvait plus l'arrêter tant elle trouvait ses propres propos passionnants, cependant, après un moment, il lui vint une idée qui lui sembla plus passionnante encore. Elle saisit la main du jeune homme, la main valide bien sûr, ainsi elle était sûre qu'il ne pouvait rien faire pour l'en empêcher. Elle le tira d'un coup sec de façon à le relever et le traîna ainsi de rue en rue. Elle comptait méthodiquement les croisements, les virages, elle repérait les vitrine, les écriteaux, demandait parfois des informations aux passants.

Il lui fallait retracer mentalement le chemin qu'elle avait parcouru pour trouver le marchand de glace. Ce fut un gros effort de mémoire, mais ils finirent par arriver devant une maison, entre une crèche et une épicerie. La jeune fille se tourna lentement vers le jeune homme, elle avait un sourire crispé, la larme à l'œil, comme emplie d'une émotion inconnue. Soudain, elle éclata, elle sauta dans les bras du garçon et s'écria avec conviction :

C'est pas chez moi ! On est perdus !

Elle sanglotait comme l'enfant qu'elle était restée malgré les apparences, cherchant le réconfort auprès de son compagnon. Il commençait à se faire tard, le soleil déclinait dans le ciel, les lampadaires étaient déjà allumés. Cette situation ne lui était pas inconnue, on l'avait déjà agressé une fois, un soir comme celui-ci, alors qu'elle était avec un autre jeune homme. Son sang se glaça, elle se blottissait de plus en plus et demanda d'une voix calme et posée malgré son angoisse.

On fait quoi ?